Oui, ça va pas être simple. 🙂
L’ami Patrick m’interpellait sur twitter pour me remettre dans le rang de l’objectivité: alors que j’invoquais comme souvent notre devoir quotidien de sauver le monde à nous tous les super héros de la terre, il me rétorquait un article qui explique que malgré un ressenti général, le monde ne sombre pas dans la violence et la guerre. Au contraire.
Cet article nous dit que à l’opposé de ce que nous vendent quotidiennement les magazines à sensations comme les JT, la paix dans le monde avance, les violences faites aux personnes reculent, les niveaux et espérances de vie augmentent sur la planète.
“Ai-je dis le contraire?” rétorquais-je.
Bah « on a un monde à sauver », ça implique un peu que les choses vont mal, non ? concluait-il à mon encontre.
Je trouve le sujet intéressant et bien trop ambitieux pour un dernier soir de congé. Qu’à cela ne tienne, le super héros doit contrarier la réalité 🙂
Patrick je t’ai promis une réponse, la voilà, en toute subjectivité bien sûr.
Je proteste beaucoup sur les réseaux, je râle, j’ajoute un maximum de smileys mais je partage beaucoup de colères, d’appels à l’action sinon à la révolte. On pourrait en déduire un pessimisme de ma part. Il n’en est rien, je suis un être totalement désespéré mais optimiste.
Ces chiffres sur l’amélioration globale des conditions de vie de nos contemporains je les connais et je les ai souvent moi même servis à nombre d’amis qui opposent à mes quelques utopies pacifistes horizontales et connectées un pessimisme récurrent sur la nature humaine.
Le monde va mieux, oui. Pour autant, aller mieux ne signifie pas aller bien, loin s’en faut. De plus critiquer une situation n’empêche pas de saluer ses progrès. Mais nous parlons de moyennes, ce qui devient terriblement compliqué à analyser.
La mondialisation de l’économie et des cultures, la productivité qui explose, les progrès technologiques et scientifiques sortent des masses de la misère et allongent des vies, même dans les pays les plus pauvres. Des géants sont nés ces dernières décennies, des classes moyennes ont émergé, et tout cela est heureux pour certains.
Et nous? Qu’avons nous fait, nous les pays riches, de ces progrès, de cette chance? Est-ce que nos sociétés vont bien? Est-ce que les courbes de l’égarement s’inversent? Je crois tout le contraire, notre beau capitalisme bling bling tourne en eau de boudin.
Mais ne soyons pas égoïstes et satisfaisons nous du bonheur nouvellement acquis par d’autres. Nous sombrons mais d’autres s’éveillent, ok, formidable, mais qui peut croire qu’ils ne se précipitent pas dans le même mur que nous?
Sur le site de ton article Patrick il y en a un autre qui m’interpelle tout autant: après avoir lu les 5 raisons pour lesquelles 2013 fut la plus belle année de l’humanité, lisons les 9 raisons pour lesquelles 2013 ne fut pas une bonne année: la crise écologique. Notre cancer.
Nous allons mieux, le bâtiment planétaire se globalise, ça s’uniformise un peu, ça se bastonne moins dans les étages, on mange mieux, moins d’appartements insalubres mais le feu a pris dans les caves, et on s’en cogne. Rien n’est plus important que d’arrêter ce feu qui s’emballe, ce devrait être notre seule priorité, quitte à contrarier notre confort.
Mais non, les quelques locataires qui hurlent dans les couloirs pour alerter tout le monde sont montrés du doigt comme des râleurs invétérés qui font trop de bruit et qui ne comprennent rien aux priorités de l’assemblée des copropriétaires. Le syndic est formel, débattons sans fin pour nous occuper d’abord du choix de la couleur des volets de l’immeuble. On verra plus tard pour le feu.
Passons à un autre sujet, le plus important: internet. Là aussi je l’affirme ça va mal, et pourtant je suis toujours optimiste. Malgré les assauts de plus en plus fous contre les réseaux et donc contre la démocratie, rien ne saura plus arrêter cette chance inouïe, j’en suis convaincu, mais il va falloir se battre, et un jour leur pardonner, car ils ne savent pas ce qu’ils font 🙂
Voilà juste quelques éléments de réflexion personnels et disparates, je m’en excuse, mais faut que j’aille prendre le dernier apéro des fêtes avant le grand régime des belles résolutions de 2014.
Donc pour résumer: oui le monde fait des progrès incontestables, mais des fondamentaux vont vraiment mal et nous les super héros avons du boulot: oui, il faut sauver ce monde.
Cheers! 🙂
image volée ici
Entièrement d’accord avec toi, ne nous contentons pas du mieux même s’il est positif, il faut continuer ces « combats ». Moi, je soutiens les supers héros 😉
Et sinon, mes meilleurs voeux à toi et à tes proches.
La bise chaude du sud 😉
Wil
Happy new year! 🙂
Il est rigolo, le dénommé « Patrick ». Entre le méthane qui s’échappe en masse du permafrost en train de fondre (et dont nul ne sait ce qu’il va produire au juste dans les 7 à 10 ans, mais il y a un sérieux risque que ça devienne intenable)… Les 58 réacteurs atomiques français qu’on va encore pousser des années tout en rognant le plus possible sur l’entretien pour satisfaire les actionnaires (et jusqu’à quand y aura-t-il quelqu’un pour s’en occuper ? ces trucs sont un danger pour des centaines d’années à venir)… et les quelques multinationales tueuse de la planète qui sont en train favoriser l’éclosion de régimes crypto-facistes dans nos régions pour garder leur prééminence… Voui, tout va bien.
Je fais partie des gens qui travaillent au quotidien pour changer le système en mettant en place les leviers d’une nouvelle économie plus humaine, et je lutte pied à pied contre les résistances de la vieille garde (aussi myope que M. Patrick, ça oui)… mais ce n’est pas pour ça que j’ai le moindre espoir. Je le fais au cas où on trouverait une porte de sortie. Le pire n’est jamais sûr.
Par contre, se prendre pour un super-héros, je ne pense pas que ça soit malin, cher JC. Le besoin personnel de reconnaissance (sommes-nous si fragiles qu’il nous faille cela pour nous sentir exister ?) est encore et toujours un frein dans une quantité de cas. J’ai vu beaucoup de très beaux projets être dévitalisés par un zig qui détournait les énergies et les bonnes volontés au profit de sa propre gloriole. Le narcissisme est toujours un mauvais conseiller 🙂
Quant à la « valeur » d’une personne, c’est un concept qui me semble extraordinairement bizarre depuis toujours. En quoi ça se compte, la valeur humaine ? En bonté, en générosité ? En beauté ? En richesse ? et donc dans ce dernier cas, au nombre de personnes qu’il a dû trahir pour arriver à ses fins ? A la chance qu’il a eue en naissant au bon endroit ? Bref, c’est n’importe quoi. « Je suis », ça me suffit – et qui je sois, je ne vaux ni plus ni moins qu’un mendiant de Delhi… ou que Bill Gates. Chacun d’entre nous n’est qu’un relai de la vie, qui est un continuum (et le seul enjeu finalement : on ne sait pas si nous arriverons à surmonter les puissances de mort qui nous assaillent de toutes parts).
je te rassures, je ne prends pas réellement pour un super héros. Crois le où non, c’est un brin ironique.
Je t’accorde le bénéfice du doute :p
Patrick a toute les raisons de voir la vie en rose en ce moment, ne lui jetons pas la pierre.
Ah je vooois 🙂 … un heureux destin…
Eh bien, c’est vrai, à ces gens qui ont d’excellentes raisons de voir la vie côté bonheur, on leur souhaite du fond du cœur un véritable avenir ! Et malgré tout, parce qu’on ne peut pas dire que ça ne marchera pas tant qu’on a pas tout tenté : on y travaille.
😉
Mais oui, mais oui ça va mieux https://www.facebook.com/photo.php?fbid=561951440547613&set=a.109136419162453.14859.100001982877831&type=1&theater
Je ne sais pas trop quoi répondre à ton article, camarade… Je dis qu’il y a quand même des choses qui vont bien, et tu me réponds, « oui, mais y’a aussi des choses qui vont mal ». Ben oui, certes.
J’ai écris et réécris des réponses plus longues, mais au final je crois que c’est juste une question de verre à moitié vide ou à moitié plein : certaines choses vont de mieux en mieux et certaines choses vont mal et requièrent en effet notre attention et notre énergie. Toi tu vois le verre à moitié vide, moi je le vois à moitié plein. En fait je crois que ça se résume à ça.
Pour aller juste un peu plus loin, je dirais cela :
Ton ami(e) Isa me taxe de myopie avec un mépris affiché (merci au passage, c’est une attitude très mature et productive), mais je pense au contraire que je regarde les choses avec un peu de recul. Je pense aux progrès que nous avons fait depuis, disons, une centaine d’année. Où était le monde au début du XXème siècle ? Pauvreté, inégalité, violence, éducation, tolérance… Tout ça a progressé dans le bon sens, et de manière si spectaculaire !
Alors j’ai confiance, parce que j’ai un esprit scientifique, et que les constatations empiriques nous disent que les choses vont dans le bon sens, contrairement à ce que notre instinct ou notre ressenti nous crie au quotidien.
Il y a encore des problèmes et il reste des chantiers, dans ces domaines où « ça va mieux » et dans bien d’autres que vous mentionnez ; non, il ne faut pas baisser les bras ou se reposer sur ses lauriers, je suis d’accord. Mais j’en ai juste marre que tout le monde voit systématiquement le verre à moitié vide, voila tout.
il y a au moins un truc où nous sommes d’accord: Isa n’a pas été très courtoise avec toi 🙂
Pour le reste, je récuse juste de ne voir que le verre à moitié vide. J’ai la prétention de faire attention aux 2 aspects, positifs et négatifs, mais effectivement au final je dresse manifestement un bilan plus négatif que toi sur le monde qui nous entoure.
Merci de ta réponse.
Excusez, messieurs, mais la myopie n’est pas un « défaut critiquable », c’est une déficience dont le porteur n’est point responsable. Comme « autisme », qui malgré ce que beaucoup de gens croient, n’est pas une insulte, mais une affection grave.
Mieux : qu’on soit intelligent ou pas, à l’œil aiguisé ou pas, on a rien fait pour l’être. Tout nous a été donné (ou pas). Une grande intelligence implique seulement plus de responsabilités, et faire le faraud pour autant est juste la preuve que la personne l’utilise mal, cette grande intelligence (là je ne parle pas de vous, of course).
Donc pour préciser ma pensée à propos de « Patrick » et puisqu’il a explicité son propos : il cherche à « se » rassurer en donnant un gros coup de balancier dans l’autre sens, pour amortir (en lui) la passion mortifère déversée en continu par le médias. OK. C’est aussi ce que j’ai envie de répondre à ceux qui parlent d’insécurité : comparez un coup avec le Moyen-Age.
Mais est-ce utile de l’écrire aussi… radicalement… et surtout sur Internet ? Ne pouviez-vous pas anticiper les inévitables conséquences et réponses évidentes dans un monde ou 90% des gens en chient 80% du temps (chiffres au hasard) – et ne savent pas quoi répondre à leurs jeunes qui souffrent de plus en plus de ce système économique ultra-violent, sinon un pauvre « mais bien sûr que tu peux rester/revenir ici »
Et même, vous auriez pris le temps d’expliquer votre démarche « subjective », personne ne l’aurait pris pour une déclaration que vous auriez cru « objective ». Comme on dit aux aspirants-narrateurs : « n’imaginez jamais que le lecteur va comprendre quelque chose que vous avez négligé de raconter ».
Et puis : les mots ont un poids, ils sont des actes, ils changent le réel. Il serait temps de s’en rappeler.
Si vous avez besoin de bonnes nouvelles pour respirer, allez lire la copine humanosphere, par exemple. Elle déniche plein de trucs réjouissants… tout le temps !
Sinon, pour expliquer : j’ai été longtemps une crème, ultra-diplomate, calme et tout. Depuis, je me suis rendue compte que la plupart des gens me prenaient pour une andouille à cause de ça, je n’ai pas changé intérieurement, je les respecte tout autant, mais je n’hésite plus à assaisonner les gens, y compris avec tendresse… ça marche beaucoup mieux. Et je me fatigue rarement à écrire sur Internet (que je fréquente depuis bientôt 20 ans)… sauf quand je pense qu’il y a des gens capable de comprendre en face.
😉
Le truc, c’est que les statistiques et le monde au sens large, ne sont que des abstractions, des idées. Par contre une vie humaine, c’est une vie humaine. Et un humain qui subit la violence des autres s’en tape des stats et autres courbes, même si elles tendent à s’inverser 😉
Penser en terme de progrès, pourquoi pas, mais progrès technique. Au niveau du progrès psychique de l’humain, l’avancée n’est pas terrible. Nous sommes au même point que nos ancêtres les plus lointains, penser à sa propre survie d’abord. Mais aujourd’hui c’est bien déguisé, comme la violence du système scolaire par exemple, où se détermine l’échelon social à venir. Le problème c’est l’échelle et toutes les mesures qui vont avec, il est temps de sortir du quantitatif pour le qualitatif et c’est un gros travail personnel déjà. Voili 🙂
C’est sûr qu’il ne serait pas pire … pourvu que ça dure, dirait l’autre …
Bonjour
Bon vœux pour cette nouvelle année.
Je pense aussi être un raleur, donc je participe.
La première illustration pour dire « ca va de mieux en mieux » est quand même un peu faussé et orientée:
Entre 1940 et 1980, on a l’impression que le nombre de victimes à été fortement divisé, => il y a moins de mort.
Mais l’échelle est en victime pour 100.000 personnes.
Et entre 1940 et 1980, la population mondiale a été multiplié par a peu prêt 3.
Donc en nombre de victime, les années 80 sont au même niveau que la seconde guerre mondiale.
Donc oui le monde va peut être mieux, mais certaines manières sont un peu biaisées.
Le monde va mal, très mal…à mon avis.
Ce n’est pas une question de verre à moitié vide ou bien à moitié plein, ça c’est une tendance : il est évident que si les choses vont bien dans sa vie personnelle ou dans son entourage ou dans sa petite sphère, on a tendance à voir la vie d’une façon plus optimiste.
Ce n’est pas une question de progrès technologique, mais de progrès dans l’humanisme…ou l’humanité?
La lecture de ce blog avait bien commencé.
Puis les 2 mots « crise écologique » : un cheval de Troyes, qui ne figure que dans la réalité inventée des amoureux non élus du pouvoir, du dévoiement méthodique des valeurs (scientifiques et éducatives en autres) et précédé, pour tout support, d’un lien vers un site US partisan notoirement sélectif des informations qu’il colporte, et qui aura au final légèrement (euphémisme) ébréché le verni de rebelle iconoclaste de façade.
Quand on a le temps et le courage d'(e bien) écrire autant d’articles, on devrait avoir celui de parcourir la littérature d’un œil critique non seulement de manière topique et instantanée, mais surtout globale et intégrale dans le temps (pour filtrer et faire émerger les motifs).
C’est dommage et peu crédible d’essayer de briser les sophismes en succombant au pire d’entre eux (l’argument par autorité/consensus).
J’invite ceux qui pensent sincèrement que le monde va bien et/ou va de mieux en mieux à regarder ceci.
https://www.youtube.com/watch?v=a0J2gj80EVI
L’amélioration incontestable du confort de quelques uns est loin d’être un critère suffisant pour dire que le monde va mieux.
Le système de la création monétaire contre intérêt (prêt) impose une croissance permanente. Avec une croissance de 2%, on double la production tous les 35 ans.
Les effets de ce doublement sont parfaitement connu avec l’histoire de l’échiquier de Sissa : 1 grain de riz sur la première case, 2 sur la seconde, 4 sur la troisième, 8 sur la quatrième => 18 446 744 073 709 551 615 grains de riz sur l’échiquer… La production mondiale de riz est estimée par le FAO à 699 millions de tonnes en 2010…
La planète étant finie, il n’y a aucun doute sur le fait que cette croissance de l’exploitation des ressources ne peut se terminer que par la pénurie complète.
Quand aura-t-elle lieu ? Dans 20 ans ? 50 ? 100 ?
Avant 100 ans à n’en pas douter. Quand on voit que l’exploitation du pétrole a commencé vers 1870 et qu’on en est aujourd’hui rendu à exploiter des shistes plus ou moins bitumineux à peine 1 siècle et demi plus tard en l’exploitant toujours plus, il n’y a pas à douter que cela va mal se terminer a moins d’une réaction extrêmement volontaire de la part de nos politiques.
J’ajouterai que si les indicateurs relatifs à la guerre et au crime baissent actuellement, j’attends de voir l’allure que la courbe va prendre lorsque nos outils à racler le fond du bocal ne pourront plus rien tirer des océans, des puits de pétrole, de gaz, des nappes phréatiques…
Je vois d’ici les chaînes de solidarités se former d’un bout à l’autre de la planète