La cause c’est important, malheureusement son marketing aussi

Dans un rare moment sarcastique, j’ai tweeté une petite provocation.

Je ne voulais pas dire que les océans ne méritent pas notre attention, j’ai signé les 2 pétitions, je suis juste estomaqué par le peu d’intérêt que suscite quelque chose qui me semble au moins autant digne d’attention. Je rappelle que les 145.000 signatures c’est au niveau européen, 21388 signatures pour la France. Soyons honnête, c’est ridicule 🙂

On m’a dit « ce n’est pas comparable ». Au contraire, je trouve que c’est un très beau cas d’école. Comparons.

Le contraste est saisissant avec la campagne portée par Pénélope Joli Coeur: c’est brillant. L’adhésion est massive, je le vois sur mes toiles, jamais vu autant de connexions liker le bidule.

Bon ok tu vas peut être me dire que le Revenu de Base est une connerie sans nom et que les gens sont sensés, ils ont le pieds sur terre. Et sur mer donc.

Moi je crois surtout que le talent de Pénélope a cartonné. C’est drôle, instructif, clair, très bien réalisé, et surtout, ça se clique bien. C’est du très beau boulot, bravo à elle.

A côté de ça nous on a un film sérieux, très bien fait mais sérieux, et comble de malheur la page de la pétition est une catastrophe ergonomique digne de nos belles administrations. Compliquée, surchargée, elle demande un N° de carte d’identité avant de pouvoir signer, tout ce qu’il faut pour décourager les indécis. En terme d’adhésion, c’est la base de la conception d’un site web: simplifier au maximum l’expérience utilisateur sinon tu perds la masse en route.

Bref, la cause des coraux est devenue virale, notre initiative citoyenne reste scotchée au sol. A nous la faute, faut trouver l’énergie, le talent. Moi j’y ai souvent pensé, pas encore trouvé, ni l’idée, ni le talent.

EDIT de denière minute: alors que je boucle ce petit mot, je tombe sur une réponse à ma question sur les poissons. On va faire tourner. Merci Jennifer!

Tiens pour la peine je te remets le film sérieux 🙂

petitions

 

20 réactions sur “La cause c’est important, malheureusement son marketing aussi

  1. Le numero de la carte d’identité ou d’un autre papier officiel et le certificat de conformité (https://ec.europa.eu/citizens-initiative/REQ-ECI-2012-000028/public/certificate.do), qui effectivement ne sont pas très ergonomique (dans cette société où tout le monde zappe et personne ne veut perdre 30sec); donneront à cette pétition un poids bien plus important une fois atterrie dans les mains des députés européen.

    Combien de pétitions votées par des centaines de milliers de personnes provenant de site comme avaaz et co ont été simplement ignoré car n’ayant aucun caractère officiel et permettant aux personnes de voter autant de fois quelles ont d’adresse mail …

  2. bon, j’suis d’accord avec vos remarques
    sauf que
    ce qui m’aurait aussi, en plus, intéressé, c’est que vous disiez en quoi ou comment vous pensez que les deux sujets sont comparables.
    je prétends pas qu’ils ne soient pas comparables.
    je m’interroge sur le comment faire des comparaisons.

    1. C’est une question de point de vue : penses-tu que faire en sorte d’offrir à chaque être humain de quoi avoir le minimum pour survivre et faire en sorte de préserver les fonds marins pour préserver l’écosystème nécessaire à notre survie à tous sont des problèmes de nature comparable ?

      Si oui, bravo : toi aussi, tu trouves que les deux sujets sont comparables !

      Si non, dommage, on ne partage pas la même vision de la survie (:

      1. euh… relisez ce que j’ai écrit : j’ai posé une question sur le comment on pourrait comparer ces deux sujets.
        je n’ai pas dit que je les concevais comme comparables. pour dire ça, il aurait fallu que j’aie précisément une idée de comment les comparer… donc, je ne sais pas s’ils sont comparables.

        par ailleurs, je n’ai pas signé ces pétitions.

        1. je dis juste que ce sont 2 appels à signatures pour des causes d’intérêt général, je compare la forme et son efficacité.
          je ne nie pas que le fond compte aussi et que le Revenu de Base est plus contesté que la sauvegarde de l’environnement

  3. A vrai dire, je pense que les poissons, tout le monde s’en branle. Du coup, les gens peuvent liker, partager le trucs, ils savent que ça ne va pas fondamentalement changer leur vie. Un peu comme si on te faisait voter pour le retour de Pamela Anderson dans Alerte à Malibu. « oueh ok, de toute façon, je m’en fous » … aucun risque donc pourquoi pas ?

    Par contre, le revenu de base inconditionnel … malheur ! On te demande de t’identifier avec ton numéro de carte. OULA, ça fait peur !!! Ca veut dire que ça pourrait vraiment arriver ? Si on me demande ma carte, c’est que potentiellement, je vais pouvoir être dans un pays qui vit qu’avec des glandeurs d’étrangers qui vont venir me narguer quand moi j’irais bosser pour toucher mes 400 € de plus ? (c’est du vécu … j’ai essayé de débattre de tout ça en famille, et c’était assez catastrophique)

    A partir du moment où il faut voter pour de vrai, les gens se défilent (il suffit de voir comment vont se passer les prochaines élections).

    1. oui, mais comme dit plus haut je pense aussi que sur le fond le Revenu de Base est beaucoup plus contesté que la sauvegarde de l’environnement.

  4. Je pense que je vais rejoindre le camp des « c’est pas comparable » : les deux causes sont quand même inégales.

    D’un côté les poissons, l’écologie, la biodiversité… Ca parle à tout le monde. De l’autre, une initiative économique un peu bizarre où tout le monde a des sous sans rien faire (je vulgarise hein). Mais là où la revenu de base divise encore plus l’opinion, c’est qu’il fait appel à des associations d’idées autour du socialisme, communisme ou autre… Et donc à la politique.

    Ecologie VS Politique… C’est pas la politique qui gagne.

    J’ai moi aussi écrit un article au sujet de la campagne de Pénélope et je ne peux qu’approuver le titre de ton article : il faut du marketing. Il faut que ça soit joli, rigolo, instructif, pédagogique, rapide… Et c’est pas donné à tout le monde d’avoir un résultat aussi efficace du premier coup.

    Mon article avec les leçons en terme de communication qu’il faut en tirer : http://nicolasricher.fr/mon-blog/prends-5-minutes-signe-copain-buzz-fonds-marins/

    1. c’est marrant cette idée d’associer le Revenu de Base à du communisme. Pour info nombre de détracteurs disent qu’il s’agit d’une mesure libérale qui plait au grand Capitlal 🙂

  5. Le problème dans la vidéo de présentation, c’est qu’ils passent plus que rapidement sur la partie « où trouver l’argent ». C’est pourquoi je ne signe pas la pétition pour le moment.

  6. Bon j’ai signé la pétition sur le revenu de base , en partie pour que tu me tannes plus avec ça (je dis ça pour plaisanter, continue, c’est comme ça que ça marchera, la persévérance) mais j’ai quelques réflexions à faire :

    -Tu devrais mettre le lien direct sur la page de la pétition ( En le mettant bien en apparence, que ce lien soit digne d’être nominé aux craypions, peu importe, pourvu qu’on le remarque, qu’on ne puisse pas passer à côté) parce que mu par ma volonté éphémère de signer cette pétition j’ai cherché le lien sur ta page et je ne l’ai trouvé qu’indirectement, j’ai failli abandonner, ne pas me lever pour aller chercher ma carte d’identité, laisser tomber, mais maintenant que j’ai signé je me sens mieux, ça m’a pris 3 minutes recherche de carte d’identité comprise)
    – contrairement à la pétition pour le poisson sur laquelle je donnerais mon avis après, cette pétiton est une pétition sérieuse d’initiative européenne, c’est pour cela qu’on doit fournir une preuve d’identification par un document officiel (carte d’identité, passeport) même si c’est contraignant, c’est un gage que cette action aura des possibilités de conséquences réelles, il y aura peut être une loi, peut être pas mais ce sera discuté. et ça ça ressemble bigrement à de la démocratie participative. Donc, pour moi, ces 145 554 signatures valent autant sinon plus que des centaines de milliers, voire des millions de noms anonymes sur des pétitions qui ne servent finalement qu’à attirer l’attention sur leurs auteurs (et faire fonctionner des organismes spécialisés genre avaaz…) pour des causes plus ou moins justes.
    -Pour la pétition de Pénélope Bagieux, même si elle très bien faite, qu’elle semble bien partie pour faire le buzz, qu’elle semble défendre une cause juste, les réserves halieutiques et l’écologie. qu’il y a de jolis dessins. l’association qui la promeut n’est pas tout à fait honnête dans ses conclusions (que des organismes comme l’Ifremer contestent) . Pour ma part, je ne signerai pas cette pétition basée sur un mensonge ou omission. Pour moi tous les moyens ne sont pas bons pour une cause qui si elle est juste n’a pas besoin de passer par les extrèmes pour obtenir un consensus. D’autant plus que ce n’est pas une pétition d’initiative européenne (pourquoi ne la présentent ils pas à la commission européenne?!) . Elle s’adresse au président de la république Française (qui ne décide rien au niveau de la commission européenne) Et les signataires sont quasi-anonymes. Qui peut dire que des entités concurrentes des sociétés de pêcheries mis en cause n’ont pas apporté leur soutient par quelques milliers de signatures aux bonnes âmes qui ont signé de bonne foi, pas moi.
    Enfin chacun fait comme il veut, mais je suis convaincu que la morne pétition sur le revenu de base aura plus d’effets bénéfiques pour la société que la très belle campagne marketing portée par la sympatique Pénélope bagieu et ses dessins beaux et percutant 🙂

  7. pour revenir sur la question plus générale du marketing de toute opinion ou idée ou théorie ou initiative économicosociale ou politique…
    ça me fait penser aux difficultés de mouvements comme Lutte Ouvrière et le NPA en la matière.
    le problème du marketing tient techniquement au fait qu’il ne peut pas ne pas en passer par une certaine démagogie et utiliser les croyances, les représentations sociales, des cibles qu’il vise.
    Or il y a certain sujet qui s’y prêtent très mal parce que précisément ils vont en eux-mêmes contre les dynamiques de représentations sociales.
    dans les deux sujets présentés ici ça se sent nettement.
    Le marketing réussi passe par des mécanismes hautement critiquables de récupérations d’analogies rigoureusement démontables par quiconque se penche scientifiquement sur le sujet : récupérations de fausses informations présentant l’avantage d’émouvoir les cibles et de ratisser très large, utilisations de procédures peu crédibles aux yeux de tout regard un peu rationnel (je là allusion aux remarques du précédent commentaire de lôtre).
    Le marketing moins réussi évite les procédures « faciles » ratissant large.
    Mais évite-t-il la récupération d’informations ou de théories contestables mais émouvantes, donc démagogiques ?
    Plusieurs courants pourtant radicalement contestataires du système capitaliste de dictature bourgeoise débattent sur la question.
    La question du revenu telle que présentée généralement comme réponse à l’évolution du système ne remet pas le système en cause et par ailleurs et dévalue radicalement la notion d’implication sociale du sujet dans l’économie sociale collective par son activité, dévaluation habilement récupérée par de nombreux néo-libéraux qui y voient un moyen de peser encore plus sur le salaire et donc dévaloriser le travail quelqu’il soit salarié ou non. ce n’est pas la seule mise en doute qui puisse être soulevée.
    La question de l’impact des activités humaines sur l’environnement, marin entre autres, est indéniable. Mais telle que proposée généralement, elle ne remet pas en cause les fondations industrielles et de masse du système qui sont pourtant à la racine de toutes les activités et de leurs impacts sur l’environnement.
    bref, ça rend sceptique. très sceptique.

    1. oui, pour moi le défi est d’arriver à faire du marketing honnête. C’est bizarre comme expression, c’est clairement antinomique à priori. Je veux dire qu’il faut selon moi être attrayant, drôle, honnête, sans jamais se vendre. Pas facile. Encore que. Question de motivation profonde, de nature.

      1. ça a été le gros problème depuis très longtemps des communistes et des anarchistes de faire du marketing honnête.
        parce qu’on est tellement ambitieux quant au projet de rendre les gens lucides que on voit ça effectivement comme quelque chose de malhonnête.
        mais par ailleurs, y’a des dynamiques sociales et populaires de constructions des représentations sociales, je fais référence non seulement aux travaux marxistes divers sur la question mais aussi à ceux de sociologues comme Bourdieu et ceux de psychosociologues comme P. Moscovici, Beauvois et Joules, qui montrent qu’autant sur de petits groupes il est praticable de faire de la pédagogie honnête, autant ça devient très lourd et difficile de le réaliser sur des échelles plus larges comme celles qui sont en jeu quand on cherche à marquer les motivations des rois gouvernant par l’intermédiaire de leur sujets.
        Les représentations sociales concernant les deux sujets sont construites autour de noyaux centraux très difficilement modifiables et sur lesquels on a peu de prise quand on est de groupes socioculturels étrangers à ceux faisant référence pour les groupes que l’on cherche à atteindre.
        Le rapport à la nature, chez les gens du peuple n’a aucune mesure avec celui qui émerge des études scientifiques et encore moins à voir avec les idéologies holistiques du genre de l’écologie ou du communisme.
        Le rapport à la valorisation de l’activité et en particulier du travail de même procède de principes étrangers à ceux de l’homme des bars.
        dans les deux cas, le noyaux central des représentations est fondé sur une scission entre le monde du groupe d’identité de ses membres et le hors monde. le rapport à l’autre est un rapport profondément conformiste définissant par la suite le hors monde sur l’exclusion et en conséquence lors de périodes difficile sur la confrontation violente.
        Hors la question de l’équilibre de la production, à la racine des deux problèmes cités, remet directement en cause les fondements de la valorisation du groupe référent à l’égard du hors monde, la nature, ou le hors métier, le hors professionnel, le non rémunéré.
        La nature est hors monde : les poissons sont exploitables et ne méritent aucune respect, c’est hors monde, on s’en fout, dautant qu’ils sont à l’échelle zéro de la hiérarchie de valorisation dans un monde fondé sur la fierté individuelle de trouver toujours quelqu’un en dessous de soi.
        Le non travailleur payé demême.
        Les arguments quant au développement culturel et personnel sont totalement irréalistes au regard du fonctionnement des cultures populaires : l’intellectuel est un fainéant prétentieux et il est hors de question de reproduire ses valeurs.
        or dans l’argumentation concernant le revenu de base, il y a ça !
        la seule chose qui est retenue par les gens du commun quant au revenu, c’est qu’il permet de survivre au chômage. Mais la grande majorité du peuple en fait écrase autrui tant et si bien, que comme expliqué par les tenants du revenu de base, ils déprécient ceux qui bénéficient par exemple du RSA. ils expriment par là leur système identitaire de construction de valorisation de soi sur la dévalorisation de ceux qui ne sont pas payés par un travail, qui n’en « chient » pas comme eux… brefs qui ne sont pas virils comme eux.
        Et protéger la mer, les poissons etc… ça aussi c’est pas viril du tout, parce que ce n’est pas dominateur, ça parle d’équité, d’équilibre alors que ce qui importe c’est d’entretenir une échelle hiérarchique dont la base c’est la possibilité pour tout le monde de dominer la nature en pissant dessus.
        Alors quand on est conscient de ce genre de mécanisme, ben trouver comment faire du marketing honnête, c’est vraiment pas facile.
        ensuite
        le succès de pénéloppe de prouve absolument pas que les gens aient compris grand chose par ailleurs : ça les a amusé parce que c’est mignon et que ça les touche dans leur rapport égoïste au sexe, par un effet de projection anthropomorphique. et donc je doute énormément que les gens aient compris le fond du truc. ils ont cliqué parce que c’est drôle, mais pas pour les idées qu’il y a derrière.

  8. C’est assez impressionnant le succès du comic strip de PénélopeB.
    Je me souviens avoir signé la pétition contre le chalutage machin truc au début de l’été, et le nombre de signatures n’était pas énorme, et d’un coup, BAM.
    Donc l’excuse du « faut mettre son numéro de CI, et le formulaire est pas sexy » est à moitié fausse à mon avis.
    Mon avis est que pour l’instant, personne d’influent n’a encore parlé du revenu de base. (n’en déplaise à ceux qui en on déjà parlé).
    Genre si Boulet faisait une planche là dessus, je te laisse imaginer l’impact…

  9.  » le peu d’intérêt que suscite quelque chose qui me semble au moins autant digne d’attention »

    Il est envisageable que les citoyens ne veulent simplement pas soutenir cette initiative. Comme il n’y pas de bouton « Je n’aime pas », si on ne veut pas soutenir l’allocation universelle, le meilleur moyen est de ne pas en faire la publicité.

    Sur le fond, je n’ai eu l’occasion que d’entendre des explications confuses ou naïves sur la mise en place en pratique, ce qui n’aide pas à adhérer à la question.

  10. J’ai lu ce matin un article sur le sujet et j’étais très intéressé.
    La pétition n’engage pas non plus à tout casser dans le sens ou c’est une demande pour encourager l’exploration de cet outil.

    Mais alors le numéro de carte d’identité … clairement, ça refroidit.

    Mettre en ligne ce genre d’infos, couplé avec la date de naissance et tutti quanti, ça ne me semble pas très sain, et est-ce nécessaire (et donc dans quel but) ?
    Autant le packaging pourrait peut-être plus « wizz », mais bon la collection de hachettes et d’autres instruments de tortures sur la table de nuit, ça refroidirait quand même énormément de monde …

    C’est paradoxal de demander un soutien et une adhésion à une idée assez libertaire et au final d’en arriver à exiger ces infos.

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