Nous, bourgeois, avons besoin du fascisme

Ca y est, c’est la victoire, le cancer se généralise, c’est trop tard pour l’humanisme.

Mais nous les bourgeois on était sympa pourtant, on votait à gauche pour les homosexuels, la fête de la musique, les radios libres, toutes ces conneries woke quoi.

Faut pas nous en vouloir, nous on vit dans le confort, on n’a pas d’éducation politique, on croit au pragmatisme, à la gauche raisonnable, la gauche de gouvernement. On aime l’entreprise! On n’est pas resté dans ces vieilleries de lutte des classes. Non mais franchement, c’est vraiment pas disruptif la lutte des classes.

Pour ce qui est des pauvres, faut reconnaître on a eu un peu autre chose à faire depuis quelques décennies que de s’occuper d’eux. Et puis faut dire, il y a beaucoup d’assistés. Faut se remuer un peu!

Bah oui, nous on ne lit pas d’ouvrage de sociologie, on croit au ruissellement, à la valeur travail, à l’ascenseur social. Et puis on doit pas avoir tort parce qu’à la télé ils disent tous la même chose que nous. Bon OK ce sont tous des journalistes bourgeois mais ils ont dû travailler dur pour être là où ils sont.

On voit bien que tout s’effondre, par exemple dans le service public, mais faut bien rembourser la dette! Et puis si on prenait l’argent aux riches ils s’en iraient, donc c’est pas illogique de saigner les pauvres qui peuvent pas partir, de les faire trimer 2 ans de plus.

Et puis ça va hein, nous aussi on va faire 2 ans de plus. Bon dans nos fauteuils confortables devant nos beaux ordinateurs, avec les salaires qu’on a, c’est pas si dur, faut reconnaître.

Avec ce réalisme et ce modernisme, la gauche de gouvernement a laissé la voie libre au tout fric, l’argent a pu acheter les grands medias, les réseaux. Mais avant les super riches y’en avait de gauche comme nous, on pouvait pas prévoir qu’il tourneraient tous fachos. Enfin peut être pas tous, mais comme on a câblé tout le système avec une politique soumise à la finance, les plus voraces ont facilement tout acheté, et voilà, on y est, ils ont tout.

Et en face? Ben en face on a remplacé les journalistes par des animateurs, les journaux par des magazines qui pensent télémétrie, donc résistance zéro.

Les pauvres eux ils ont les nerfs, ils ont été proprement désinformés et un peu lobotomisés, faut le dire, donc ils votent pour les larbins des milliardaires qui arrivent à leur faire croire qu’ils s’occuperont d’eux. On n’a pas le choix, faut suivre, s’ils venaient à comprendre, on pourrait bien être en danger. Donc bon, plutôt Hitler que le Front Populaire, c’est pas nouveau.

Désolé pour l’humanisme, on n’a pas les moyens.

Illustration : 2 jours à tuer