J’ai une amie qui a écrit un roman, « Et pourtant elle tourne« . Je viens te le recommander chaleureusement. Un très beau roman. Ça parle de viol, d’amour, d’inceste sur une petite fille dès l’âge de 3 ans, de soleil, d’amitié, de musique, de joie, de voyage, d’Algérie.
C’est un roman autobiographique.
Beau, et violent. C’est cru, quand il le faut, et c’est beau, lumineux. Merci pour ce moment.
Le fléau
L’inceste c’est une pandémie qu’on ne soigne pas. Les chiffres sont astronomiques. Partout, dans tous les pays, dans toutes les classes sociales.
Dernières estimations : 6,7 millions de Français déclarent avoir été victimes d’inceste. Dans ta classe il y en avait sûrement 1 ou 2, ou 3.
Les enfants sont les principales victimes de violences sexuelles la moitié de ces violences sont incestueuses, 80% de filles , 20% de garçons, viols ou tentatives : 135 000 filles + 35 000 garçons / an, 1 fille/5, 1 garçon/13 … (voir La grande librairie avec Camille Kouchner)
On dit que ces jours ci la parole se libère, qu’un nouvel hashtag vient au secours des voix étouffées. Tant mieux. Je suis moins optimiste que certains sur les résultats effectifs de ces coming out de masse, mais c’est sans aucun doute positif, tout progrès est bon à prendre. Long live the #MeTooInceste.
Au delà de l’aspect criminel, l’ampleur du fléau sidère. Beaucoup de gens me semblent inconscients de l’effroyable banalité de la chose. Il faut en parler plus, agir plus. Comment ne pas penser qu’il y a un impact lourd sur la stabilité et l’harmonie de la société humaine ? Violence, malheur, détresse psychique.
Résilience
Mais toi Maïté tu es un cas rare, enfin je crois, hélas. Tu écris ta « fureur de vivre », malgré tout, ta volonté de ne pas laisser ton rapport à l’autre être sali par celui là. Ça force l’admiration et c’est tout ce dont on peut rêver pour toute personne maltraitée. C’est une spécificité troublante de ce roman où alternent l’enfer et un quotidien « normal », souvent heureux, avec ses joies, ses bonheurs, malgré tout.
Je ne sais pas à quoi ça tient cette capacité à la résilience, j’ai tendance à penser que c’est plutôt quelque chose d’inné, et malheureusement exceptionnel. Camille Kouchner raconte comme elle était éteinte, toujours triste, trop abîmée par ce drame intime pour vivre. Pas toi. Tant mieux.
Je me joins donc au concert d’éloges pour ton roman. Bravo. J’ai bien voyagé avec toi, dans tes paysages, tes joies et tes malheurs, … et tes 45 tours. Pendant cette lecture où s’égrainent régulièrement ta mémoire musicale je me disais « tiens j’aurais du noter les morceaux, pour faire une play list du livre »,… mais évidemment, tu l’as déjà fait.
Subséquemment, je me suis offert quelques petits coups de rétroviseur nostalgiques 🙂